La porte d’Orient.
La belle ville d’Otrante est la plus orientale de l’Italie ; pour la Saint-Sylvestre, beaucoup de gens se réunissent au voisin phare de Punta Palascia pour voir arriver le premier soleil de la nouvelle année. C’est une belle station balnéaire baignée par une mer cristalline. La taille du château aragonais, avec ses murs puissants et ses bastions, accueille les visiteurs à la découverte de ses beautés. La Cathédrale, avec son exceptionnel sol en mosaïque et la Chapelle des Martyrs, est peut-être la première attraction pour les touristes.
Les Martyrs d’Otrante.
En effet, l’histoire du bourg est marquée par le massacre de 800 habitants pendant l’occupation turque de 1480 menée par Ahmet Pacha. Les témoins muets de ce bain de sang sont les personnages énigmatiques qui peuplent la mosaïque du sol. Réalisé entre 1163 et 1165, sous le règne de Guillaume le Mauvais, porte la signature de Pantaleone, un moine d’origine grecque de l’abbaye de S. Nicola di Casole. Ce monastère était un centre culturel très important et possédait l’une des bibliothèques les plus riches d’Europe. Pantaleone avait accès à la riche bibliothèque et il reproduisait en images les livres que ses confrères copiaient, étudiaient et enseignaient. Malheureusement, l’église et la bibliothèque ont été détruits par les Turcs pendant le sac de la ville.
La date de début des travaux (1163) est située dans l’abside tandis que celle de la fin des travaux (1165) à l’entrée: elle fut donc probablement commencée à partir du haut. Il représente un énorme arbre de la vie sans racines, arbre peuplé d’épisodes bibliques, de figures mythologiques, d’animaux fantastiques qui représentent les vices et les vertus humaines. On peut l’appeler une cosmogonie médiévale, c’est-à-dire l’ensemble de connaissances et superstitions de l’époque qui essayaient d’expliquer l’origine de l’univers. Plusieurs aspects et figures de cet ouvrage sont difficiles à interpréter et encore controversés. Une chose qui saute aux yeux, c’est le manque de personnages du Nouveau Testament : ni Jésus, ni saints, ni madones n’y apparaissent. Dans une chapelle de la nef droite on trouve les restes des Martyrs d’Otrante, canonisés en 2013 par le Pape François.
Otrante: la petite église grecque de S. Pietro.
La petite église grecque de S. Pietro n’est pas très connue des touristes mais mérite vraiment une visite. Avec son plan désormais rare en croix grecque, il constitue un témoignage important de la domination byzantine. Très beau le cycle de fresques et en particulier ceux du “Lavement des pieds” et de la Cène.
La Cène porte un titre en langue grecque et l’iconographie est typiquement byzantine. Christ est assis à l’extrême droite avec le volume dans une main; les apôtres nimbés sont disposés au centre, et plus éloigné, seul et sans auréole, Judas.
Devant la Dernière Cène, dans la même voûte, il y a la fresque du lavement des pieds, avec une riche épigraphe grecque qui rapporte un extrait de l’Evangile de Jean. Le passage (lacunaire et avec quelques erreurs) est le dialogue entre Pierre et Jésus au moment où le disciple essaie de refuser le geste du Maître de lui laver les pieds.