La jeune Tarantine

“La Jeune Tarantine” est une statue en marbre de 1871 réalisée par le sculpteur Alexandre Pierre Schoenewerk et inspirée du poème de André Chénier (1762- 1794). Vous pouvez l’admirer dans une salle du Musée d’Orsay de Paris, entourée d’observateurs silencieux, presque craintifs de violer le sommeil éternel de la jeune fille posée sur le rocher.

La jeune Tarantine

Mais qui était “la jeune tarantine” ? Pour le savoir, il suffit de parcourir les vers du poète André Chénier, mort guillotiné à seulement 32 ans pendant la Révolution, dont l’œuvre de Schoenewerk est la représentation granitique.

Sa poésie La jeune tarantine raconte une histoire d’amour poignante et délicate, une jeunesse brisée par un destin injuste. Voici les vers qui ont ému des générations entières de poètes et d’artistes.

La Jeune Tarantine par André Chérnier

La jeune tarentine est une splendide jeune fille qui s’embarque sur un bateau pour rejoindre Camarina, l’ancienne ville sicilienne où l’attend son futur époux. Seule sur la proue du navire, en train de contempler les étoiles, elle est poussée dans l’eau par un vent soudain et impétueux. La jeune fille, empêchée de demander de l’aide, est entraînée au fond de la mer et se noie dans les flots du canal de Sicile.

Elle est vécue, Myrte, la jeune Tarentine !
Un vaisseau l’amenait sur les rives de Camarina.
Elle tombe, elle crie, elle est au sein des flots. Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine!
Son beau corps a roulé sous la vague marine.

Teti, la plus belle des nymphes de la mer, assiste émue à la tragédie et prie les autres Nereidi pour qu’ils l’aident à conduire le corps de la jeune fille jusqu’aux rives de la plage de Camarina, afin de la soustraire à la fureur des monstres des abysses.

Sur la plage, son corps est doucement placé à l’intérieur d’une caisse de cèdre, en tout semblable à celle qui contenait son trousseau de mariée, et veillé par un cortège sanglant composé des Néréides et des nymphes des bois voisins.

La jeune Tarantine

Et ainsi, la jeune tarantine n’a jamais réussi à retourner chez son bien-aimé, à porter sa robe de mariée, ni les douces senteurs n’ont plus pu imprégner sa blonde chevelure pour la fête.

Les bras de l’amant ne te ceignent plus jamais
Tu ne porteras pas de nouvelle robe de mariée.
Les Ori ne brilleront pas comme tes beaux yeux.
Ils n’ont pas mis de parfum sur tes cheveux blonds.

Cherniér ne vint jamais dans la ville des deux mers, mais sa poésie contribua à répandre le mythe de Tarente classique dans les milieux culturels européens du Néoclassicisme, et à démontrer à quel point l’Europe des poètes et des artistes était sensible à l’attrait de notre ville et de ses charmants habitants.

Le texte intégral

Pleurez, doux alcyons, ô vous, oiseaux sacrés,
Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez.
Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine.
Un vaisseau la portait aux bords de Camarine.
Là l’hymen, les chansons, les flûtes, lentement,
Devaient la reconduire au seuil de son amant.

Une clef vigilante a pour cette journée
Dans le cèdre enfermé sa robe d’hyménée
Et l’or dont au festin ses bras seraient parés
Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.
Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles,
Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles
L’enveloppe. Étonnée, et loin des matelots,
Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.
Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine.

Son beau corps a roulé sous la vague marine.
Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d’un rocher
Aux monstres dévorants eut soin de la cacher.
Par ses ordres bientôt les belles Néréides
L’élèvent au-dessus des demeures humides,
Le portent au rivage, et dans ce monument
L’ont, au cap du Zéphir, déposé mollement.

Puis de loin à grands cris appelant leurs compagnes,
Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes
Toutes frappant leur sein et traînant un long deuil,
Répétèrent : « hélas ! » autour de son cercueil.
Hélas ! chez ton amant tu n’es point ramenée.
Tu n’as point revêtu ta robe d’hyménée.
L’or autour de tes bras n’a point serré de nœuds.
Les doux parfums n’ont point coulé sur tes cheveux.

Angelo Traverso

Published by Angelo Traverso

Guide touristique francophone Pouilles